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Pourquoi pas Flaubert ?

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Pourquoi Flaubert ne figure-t-il pas au programme de mes lectures futures, pas plus que Balzac, au contraire de Villiers, Saint-Simon, Pound, Loti ou Gobineau, que je connais mal et que je désire approfondir ?
Est-ce d’avoir été contraint d'apprendre Madame Bovary à l’école, parmi tant de matières oiseuses, qui explique cette allergie ?
Ou ne serait-ce pas plutôt une adaptation filmée, profondément ennuyeuse, avec une actrice rouquine plate et laide, à contresens de surcroît, de Madame Bovary ? Ou est-ce encore de n’avoir pu dépasser les dix premières pages de Salammbô ni de Bouvard et Pécuchet ?

Le Dictionnaire des idées reçues, ouvrage léger, a néanmoins retenu mon attention quelques instants - dans un souci d’analyse politique et sociale. Flaubert y raille les préjugés de son époque. J’ai d’abord été vexé de voir que je partageais quelques-unes des idées reçues des contemporains de Flaubert. Celle-ci en particulier :
« MOUSTIQUES : Plus dangereux que n'importe quelle bête féroce. »
(L'occasion de remarquer que, comme le reste, les préjugés s'héritent, car celui-ci est dans ma famille depuis longtemps et j'entends bien le transmettre à mes enfants potentiels.)

Au terme de cette lecture, plusieurs constats sociologiques s’imposent :
- Une courte majorité des préjugés contemporains de Flaubert a résisté à l’usure du temps. Voilà pour la continuité, mais concernant tous les préjugés qui touchent à ce qu’il est convenu d'appeler "la culture générale", elle-même toujours un peu "conventionnelle", on observe qu’ils ont disparu en même temps que cette culture générale-là. C'est rassurant : il n'est pas en définitive si ridicule de partager certains des préjugés de la deuxième moitié du XIXe siècle !
- Incidemment j’ai noté un certain nombre d’idées reçues dont le postulat s'est inversé et qui creusent donc aussi un fossé entre notre époque et celle de Flaubert, et je me suis attelé aussitôt à une petite mise à jour - bientôt disponible sur ce blogue.

Commentaires

  • Finkielkraut : (N'en avoir aucune idée précise mais) tonner contre.

  • Essaye sa correspondance. On y fout beaucoup cela te changera !

  • Un petit extrait de Finkielkraut qui en dit plus long sur sa vertu, en effet, que des tonnes de quolibets :

    Sous le titre : "Le visage de mon assassin (sic)", F. raconte cette anecdote et fait le portrait d'un type de race noire qui l'interpelle dans la rue et lui dit : « Dans cinquante ou dans cent ans, la juiverie internationale payera tout cela très cher (…) Dites-le, dites-le publiquement que je vous ai prévenu, si vous en avez le courage. Hitler, avec ses six millions au four n'est pas allé assez loin. »
    Visiblement, Finkielkraut, comme Littell, se complaît à inventer des assassins de papier incohérents. Et de conclure sa petite mésaventure philosophique ainsi : « Il y a, je le sais bien, un risque de complaisance à monter en épingle un tel incident. » Finkielkraut peut bien citer Muray, Péguy, la Vierge Marie si ça lui chante, c'est plutôt du côté de Voltaire qu'il se situe - le culot de Voltaire, pas son style évidemment.

  • « Le 15 mai 1948, Azzam Pacha, déclare au Caire : "Cette guerre sera une guerre d'extermination et un massacre grandiose, dont on parlera comme de ceux commis par les Mongols et les Croisés". »

    Si un secrétaire de la Ligue Arabe a pu dire cela, pourquoi un Noir anonyme n'aurait pas pu tenir les propos rapportés par F. ? Après tout, Dieudonné n'aime pas beaucoup les juifs.

  • Si Finkielkraut ne parle pas de sexe moi cela ne m'intéresse pas !

    Tu sais que Voltaire n'était pas très ardent au déduit et qu'il laissait sa chère Madame du Châtelet être foutue par le jeune Saint-Lambert qui malheureusement l'engrossa dont elle mourut !

  • Moi, je vous lis avec plaisir, et je vous aime bien, mais que fout le crétin de souche dans vos liens, à gauche? (Ne parlons pas du Uhlan, un autre genre de crétin, celui-là, un crétin cultivé, c'est peut-être encore pire.)

    Quant à Finkie, son histoire est sûrement vraie, on peut très bien l'imaginer, comme d'ailleurs on peut très bien imaginer tel colon juif promettant aux Palestiniens le pire des avenirs possibles, mais tout l'intérêt de cette historiette réside dans cette phrase que vous citez : « Il y a, je le sais bien, un risque de complaisance à monter en épingle un tel incident. » Pour ça, oui, Finkie prend tous les risques, y compris celui de la complaisance! Y compris celui de défendre une pauvre conne qui, juste avant de mourir (et après avoir dans sa jeunesse rêvé d'un grand soir prolétarien), s'amusait à comparer les musulmans aux rats...

    Ce qui me ramène à l'abruti de souche, que fait-il dans vos liens, bon sang, Lapinos?

  • Le problème n'est pas de savoir si les propos incohérents que F. rapporte ont été tenus ou pas. Tous les jours dans le métro je croise un type qui pour se défouler menace de dézinguer la terre entière, ça n'en fait pas un assassin pour autant.

    Il a dû échapper à votre perspicacité, Sébastien, que c'est au nom de la paix et de la démocratie que les Yankis ont fait des dizaines de milliers de morts en Irak.

    Dieudonné n'aime pas les juifs, qu'est-ce que ça veut dire ? Il n'a pas fait le comique avec un juif pendant des années ? Les juifs, ça n'est pas aussi homogène que vous le dites, sont-ils tous aussi malhonnêtes et stupides que Finkielkraut ? Je ne crois pas. Vous me faites penser, Sébastien, à tous ces petits militants de gauche manichéens qui utilisent l'antiracisme pour discréditer leurs adversaires.

    (Qu'est-ce que vous reprochez à Desouche au juste, Hyppogriffe, au lieu de vous exciter ? C'est pas la première fois qu'on me reproche mon lien vers son blogue. Lui, en revanche, ne m'a jamais reproché quoi que ce soit pour le moment ; j'apprécie cette absence de sectarisme, c'est une qualité rare de nos jours.)

  • Amusant, je viens de passer une semaine dans Saint-Simon avec une grande joie. Loti, pourquoi ?

    (Madame Bovary, il faudra réessayer quand même en tâchant d'oublier l'école et la rousse, enfin je vous le souhaite, bien que j'aie le même souci que vous avec Salammbo et Bouvard et Pécuchet. Pour ce dernier, une possibilité agréable : avoir un ami en vacances avec vous plus patient et laborieux qui vous lit les meilleurs passages en mourant de rire.)

    Et surtout pourquoi pas Balzac, vous qui êtes marxiste et un peu moraliste ? contrairement à ce que j'ai lu un jour (ici ?) je crois que c'est un grand styliste, quand il a le temps et envie, et pas seulement un "compositeur". Le Lys, c'est ciselé à la syllabe sans cesser d'aller son train de roman.

  • Balzac a tout pour plaire à un marxiste, c’est vrai ; cependant Barbey me séduit plus, à rebours de la critique dominante de Dantzig ou Fernandez ; je ne sais pas trop pourquoi. Parce qu’il y a plus de sang et de viols, peut-être ?
    Quoi qu’il en soit, je n’entends pas trop dévier du programme que je me suis fixé pour les mois qui viennent. Mais dites toujours, Nadine, quel roman me conseillez-vous ?

  • Lapinos, petit dragueur, essaye Maupassant, ça te calmera. Ces "amours" ancillaires, brrrr !

  • Maupassant ? Le préféré de Giscard ? Beurk.

  • Je viens de vous conseiller le lys dans la vallée et Madame Bovary, ce n'est pas très original certes mais ce serait dommage de mourir sans avoir lu ça.

    Je ne sais pas très bien qui sont les critiques dont vous parlez mais Barbey n'a pas du tout mauvaise presse dans l'enseignement supérieur du moins, que je sache. Et je ne vous blâmerai pas de préférer ce dandy qui vit dans le souvenir d'un passé qu'il sublime à Balzac qui suit son époque sans trop d'amertume. Effectivement c'est comme vous dites, Barbey (méfiez-vous d'un carême trop strict : quand on mange peu on s'exalte fort, et avec des lectures pareilles, sans parler de vos excursions à la fnac des Ternes je crains le pire pour votre pureté mon petit ; mangez un peu, c'est moins grave) et c'est exquis. Du reste l'autre jour vous fîtes l'innocent quand je vous demandai si la panthère de l'autobus (Natacha Quelquechose) était un hommage à cet écrivain, si vous ne faisiez pas semblant il faut vite lire (ou relire) les premières pages du "bonheur dans le crime".

    Maupassant c'est de la littérature de gare. Mais ce n'est pas honnête de le jeter parce que Giscard l'aime ! C'est comme Albert Cohen : surestimé certainement, surtout par les milliers de gourdasses de son fan-club, mais pas nul, vraiment pas nul du tout.

    Loti ?

  • "Le Lys dans la vallée", le titre me choque mais je retiens la suggestion. "Mme Bovary", je l'ai déjà lu.

    Dantzig a reçu le prix des lectrices de "Elle", mais D. Fernandez est prof dans le supérieur, à Rennes. Dites-moi un peu quel critique dans le supérieur ose placer Barbey au-dessus de Balzac ? Pas de blabla, un nom. D'ailleurs dire que Barbey vit dans un passé qu'il sublime me paraît un lieu commun. Vous confondez avec Proust.

    À part ça le seul effet de mon carême tout juste entamé c'est une boulimie d'achat de bouquins inhabituelle de ma part (Je pioche plutôt dans les bibliothèques des autres aux temps ordinaire.)

    J'ai revu récemment cette panthère dont vous parlez. Elle est vraiment splendide, une des trois ou quatre plus belles filles de Paris, et je vous garantis que je suis attentif. Ce qui prouve que la beauté n'est pas morte, elle est seulement laissée en jachère.

    Ne m'en veuillez pas si je ne vous réponds pas sur tout. Loti ? À cause de l'Orient.

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